lundi 29 janvier 2018

Immobilier 2018 : les taux resteront bas, les prix en hausse

Aujourd'hui, les taux resteront bas, les prix en hausse en 2018 pour l'immobilier.


Les meilleures histoires ont toujours une fin. Celle de la baisse des taux immobiliers semble à son épilogue. Selon la Banque de France, le point bas du taux effectif des crédits immobiliers, soit le taux moyen qui donne une vision d'ensemble du marché, a été atteint fin 2016 - début 2017, à 1,5%.
C'est son plus bas niveau depuis la création de cette statistique sous cette forme en janvier 2003. Un taux divisé par plus de 3,5 depuis décembre 2008, mais qui remonte petit à petit pour se rapprocher de 1,7%.

Appétit pour les valeurs refuges et faiblesse de l'inflation maintiennent les taux bas
Les crédits étant essentiellement à taux fixes, le niveau des taux des crédits immobiliers dépend en grande partie de celui des obligations d'État à dix ans. Ces OAT ont commencé à remonter fin 2016, passant d'un point bas en octobre (inférieur à 0,1%) à 1% en moyenne au 1er trimestre 2017. Mais le mouvement s'est interrompu depuis et les taux évoluent dans une bande étroite comprise entre 0,6 et 0,8%.
Il faut y voir d'abord les effets du quantitative easing de la BCE. Celle-ci est restée très active l'année dernière avec des achats d'actifs de 60 milliards d'euros par mois entre avril et décembre (après 80 précédemment). Ensuite, dans un contexte de fortes incertitudes (élection de Donal Trump, Brexit, montée des tensions géopolitiques), l'appétit des investisseurs pour les valeurs refuges n'a pas diminué, bien au contraire, ce qui a notamment été favorable aux Bunds allemands mais aussi aux OAT françaises. Enfin, l'inflation a fait du rase-motte un peu partout en zone euro, poussant la BCE à laisser inchangée sa politique de taux zéro.

La poursuite du QE pose une chape de plomb sur les taux

Du reste, il faut prendre un peu de hauteur. Une vision trop microscopique masque la tendance de fond. Même en hausse pendant une très courte parenthèse, le rendement de l'OAT à 10 ans a toujours été exceptionnellement bas. Et l'on perçoit mal ce qui pourrait mettre le feu aux poudres en 2018.
Coté incertitudes, les tensions géopolitiques sont à un pic : instabilités au Moyen-Orient, tensions extrêmes dans la péninsule coréenne, différend entre l'Ukraine et la Russie... Le monde reste très risqué et l'appétit des investisseurs pour les valeurs refuges demeure intact.
Côté pilotage des taux, la BCE n'est pas prête non-plus à changer son fusil d'épaule. L'inflation a disparu ou presque, comme le montre l'évolution de l'inflation sous-jacente. En se concentrant uniquement sur les seuls composants permanents, l'évolution des prix stagne autour de 1% malgré la reprise.
C'est un fait, l'une des grandes originalités du cycle économique actuel est qu'il se déroule sans inflation. Dans une économie de plus en plus concurrentielle, les entreprises, pour maintenir leur part de marché, préfèrent les gains de productivité à la hausse des prix.
Enfin, la perfusion du quantitative easing ne sera pas débranchée avant septembre 2018. Les montants mensuels des achats d'actifs ont certes été réduits de moitié à 30 milliards d'euros, mais la BCE a gardé ouverte l'option d'une augmentation du montant et/ou d'une prolongation de la durée de son programme en cas de besoin. Pour les banques, c'est la certitude que leur matière première, le coût de l'argent sur les marchés, ne se renchérira pas. C'est une chape de plomb pour éviter que les taux immobiliers ne s'échappent.
A cela s'ajoute, le comportement même des opérateurs. Sur un marché du crédit extrêmement concurrentiel où les courtiers et les sites de comparaison jouent un rôle central en mettant sous pression les établissements bancaires, remonter brutalement ses tarifs serait un jeu très dangereux. Le taux effectif des crédits immobilier devrait donc rester coincé entre 1,5 et 2% cette année, pas plus. Les bonnes affaires ne sont donc pas terminées et le marché de l'immobilier semble bien parti pour battre de nouveaux records.

Source : La Tribune

L'immobilier, locomotive du financement participatif

Près de 4 millions de Français ont financé des projets par le biais de plateformes de crowdfunding. Ce marché a progressé de 44% avec 336 millions d'euros collectés, dont un tiers dans l'immobilier, où les montants ont doublé. Un placement au rendement élevé mais pas sans risque.

La croissance se tasse mais "le crowdfunding s'inscrit durablement dans le paysage". Selon le dernier baromètre réalisé par le cabinet KPMG et l'association professionnelle Financement Participatif France, les montants collectés en France sur les plateformes de financement participatif ont augmenté de 44% en 2017 à 336 millions d'euros, représentant toujours la plus grande part de la "finance alternative" (par rapport aux banques, aux marchés financiers ou aux fonds dans le non-coté), qui pèse 940 millions d'euros dans son ensemble.

Cette finance alternative comprend aussi les prêts à la consommation en ligne (comme Younited Credit), pour 231 millions d'euros, les cagnottes en ligne (comme LePotCommun), pour 155 millions d'euros, et les fonds de prêts aux PME (comme Lendix) qui ont explosé leur collecte, à 215 millions d'euros (multipliés par 2,5).

Financement participatif : Le financement participatif, crowdfunding en anglais ou encore sociofinancement au Canada, est une expression décrivant tous les outils et méthodes de transactions financières qui font appel à un grand nombre de personnes afin de financer un projet.

En 2017, ce sont au total 1,65 million de personnes qui ont contribué à financer un ou plusieurs projets sur un de ces sites. Au total, depuis le lancement de ces plateformes, 3,89 millions de Français ont joué ce rôle de financeurs alternatifs.

Doublement des fonds collectés pour l'immobilier

Les trois quarts des fonds collectés ont servi à financer des activités économiques, plutôt que culturelles ou sociales. L'immobilier, la valeur sûre des épargnants français, domine avec un tiers des montants (42% de la catégorie "secteur économique") soit 109 millions d'euros, devant l'environnement et les énergies renouvelables (22% soit 57 millions).
La semaine dernière, l'agrégateur Hellocrowdfunding et le site Fundimmo avaient publié leur propre baromètre annuel du crowdfunding immobilier, réalisé auprès de 23 plateformes. Il en ressortait que les montants collectés avaient presque doublé, passant de 55,2 millions en 2016 à 101 millions d'euros en 2017, tout comme le nombre de projets (de 134 à 220). Il s'agit à 92% d'investissements en obligations et la durée moyenne de placement est de 18 mois.

Selon ce baromètre, 78% des collectes de fonds portaient sur des projets résidentiels, 7% des aménagements, 5% des commerces et 4% de l'immobilier de bureaux. Les régions les plus actives sont l'Ile-de-France, l'Auvergne-Rhône-Alpes, la Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Nouvelle Aquitaine. Le taux de défaut depuis 2012 serait seulement de 1,33%.
Si les projets rapportent un rendement élevé, de l'ordre de 9,9% par an en moyenne, ils ne sont pas sans risque. Wiseed et Anaxago, les deux leaders français du crowdfunding immobilier, ont souffert de la faillite du promoteur Terlat. Wiseed a remboursé intégralement l'un des projets concernés, l'autre s'est soldé par une perte totale du capital et des intérêts. Anaxago a annoncé le 10 janvier le rachat de deux programmes de Terlat, sur ses fonds propres. Les deux autres programmes n'ont pas été repris mais, contrairement à ce que nous écrivions, Anaxago nous précise que les investisseurs n'ont pas perdu leur capital car les quatre programmes ont fait l'objet d'un protocole "afin de proposer un plan de reprise commun et intéressant l'ensemble des souscripteurs". Les investisseurs des deux programmes repris seront remboursés en priorité lors de la commercialisation de ceux-ci, les autres en second rang.

Source : La Tribune

Fiscalité de l'épargne : des pistes audacieuses pour "plus d’équité et de cohérence"

Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), institution adossée à la Cour des comptes, présente dix recommandations s'agissant des impôts sur le patrimoine des ménages. Il propose d’abaisser les plafonds de l’épargne réglementée (Livret A, LDDS), de réduire les abattements sur l’assurance-vie et de revenir au régime d’avant 2004 sur les plus-values immobilières.



La suppression de l'ISF et la création du prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat-tax) entrent tout juste en application que de nouvelles propositions de réforme des impôts du patrimoine des ménages font surface. « Complexe », « sans logique explicite », « manque de cohérence » : notre système d'imposition souffre de plusieurs défauts auxquels il conviendrait de remédier, analyse le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), dans un rapport publié ce jeudi.

Cette institution indépendante, adossée à la Cour des comptes, dont le premier président, Didier Migaud assure également la présidence, formule dix « orientations » visant à rendre ce système plus lisible, plus neutre et plus efficace. Et il n'hésite pas à s'attaquer aux totems du patrimoine des Français, le Livret A,  l'assurance-vie et l'immobilier.

Six impôts, 80 milliards et de nombreuses exonérations

Le Conseil des prélèvements obligatoires a passé au crible les six prélèvements existants au 31 décembre 2017, l'impôt sur les revenus, les prélèvements sociaux, les droits de mutation à titre de gratuit en cas de succession ou donation, ceux en cas d'acquisition immobilière (« droits de mutation à titre onéreux sur les transactions »), les taxes foncières et feu l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), remplacé par l'impôt sur la solidarité immobilière (IFI).
Des prélèvements rapportant en tout quelque 80 milliards d'euros par an, dont 50 milliards perçus sur l'assiette immobilière (la taxe foncière pèse à elle seule plus de 20 milliards) et 30 milliards sur les actifs financiers. Avant réforme Macron ISF/IFI.
Près d'un quart de ces prélèvements sert à financer la Sécurité sociale (24%), le reste allant à l'Etat (39%) et aux collectivités (37%).
Mais les revenus du capital des ménages font aussi l'objet de nombreuses exonérations et dérogations fiscales qui coûtent cher : 1,9 milliard d'euros pour l'épargne réglementée (le Livret A, le placement préféré des Français, le LDDS, l'ex-Codevi puis LDD), etc), 1,5 milliard d'euros pour l'assurance-vie, plus de 5,5 milliards pour l'immobilier (exonération de plus-value sur la vente de la résidence principale ou abattement dû à la durée de détention).

Haro sur les abattements de l'assurance-vie
Le Conseil des prélèvements obligatoires conseille aussi de s'attaquer à l'assurance-vie, qui bénéficie d'un régime fiscal avantageux du point de vue de l'impôt sur les revenus et de l'imposition des successions, notamment le prélèvement forfaitaire libératoire au taux réduit de 7,5% au bout de huit ans.
Il faut selon lui revoir les taux et les abattements dérogatoires applicables aux revenus des contrats d'assurance-vie, mais là aussi « au titre des nouveaux versements. » Par exemple en appliquant le prélèvement forfaitaire unique à l'ensemble des revenus perçus sur les nouveaux versements, et pas seulement pour les encours dépassant 150.000 euros. Ou bien en déterminant le taux en fonction de l'ancienneté réelle des versements, et non la date d'ouverture du contrat. Le CPO suggère d'harmoniser la règle de la durée de détention pour bénéficier d'un traitement fiscal favorable également pour le PEA et les FCPI/FIP à 8 ans (au lieu de 5 ans).
La mesure sur l'assurance-vie rapporterait 20 millions d'euros de recettes publiques supplémentaires par an.
Autre piste envisagée : « la suppression de l'avantage successoral de l'assurance-vie », c'est-à-dire l'exonération de droits de succession pour les contrats souscrits au profit du conjoint ou du partenaire pacsé, voire des frères et sœurs, parce que celui-ci « n'encourage pas l'anticipation des donations. »

Plus de donations aux jeunes générations

Cette mesure fait partie d'un chapitre plus vaste sur les « leviers pour atténuer la concentration des patrimoines », au même titre que l'allégement de l'imposition des donations aux jeunes générations : le Conseil des prélèvements obligatoires plaide pour « adapter le régime des transmissions aux évolutions de la société et aux enjeux d'équité. »
La solution préconisée est donc de relever ces droits de mutation en ligne directe et de remettre en cause certaines exonérations (forêts, oeuvres d'art). A l'inverse, pour s'adapter au nombre croissant de familles recomposées, le CPO suggère d'améliorer les conditions fiscales de donations ou transmissions par testament aux enfants de son conjoint.

Immobilier

L'autre big bang à plus long terme concerne l'immobilier : « la fiscalité encourage le propriétaire occupant, sans justification économique évidente » selon le rapport, qui pointe « une moindre mobilité résidentielle. » Les dispositifs dérogatoires d'investissement locatif ont aussi créé « des effets d'aubaine » et « un effet inflationniste sur le marché de l'immobilier. »
Le rapport précise qu'il ne propose pas de revenir sur l'exonération de la plus-value immobilière lors de la vente de la résidence principale (attention, tabou), ni sur le concept explosif des "loyers implicites" ou fictifs avancé par France Stratégie. En revanche, il suggère de faire disparaître les abattements liés à la durée de détention d'un bien (totale au bout de 22 ans) au profit d'une prise en compte de l'érosion monétaire, et ce afin de « neutraliser l'incitation fiscale à la rétention des biens immobiliers dans l'arbitrage des ménages.» Cela correspondrait en fait au régime en vigueur jusqu'en 2004.
Le Conseil des prélèvements obligatoires recommande aussi d'aligner le régime fiscal des locations meublées et "nues". Il milite pour un allègement des droits de mutation payés aux départements lors d'un achat immobilier selon plusieurs pistes : des droits différents pour la résidence principale ou progressifs en fonction de la valeur du logement, voire en les transférant sur la taxe foncière. Le rapport imagine d'ailleurs une révision de la taxe foncière, en modernisant l'assiette, voire en recourant à la valeur cadastrale plutôt que vénale.
Des propositions qui ne manqueront d'alimenter l'incessant débat fiscal français.

Source : La Tribune